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Édition du 2 avril 2017,
section PAUSE CAFÉ, écran 2
« Plus j’étudie la diète méditerranéenne, plus je trouve que c’est l’idéal. Elle n’exclut pas la viande, mais suggère d’en prendre deux fois par semaine seulement », expose Nathalie Jobin, directrice scientifique d’Extenso, le Centre de référence sur la nutrition de l’Université de Montréal. La viande demeure néanmoins intéressante sur le plan nutritif. « C’est facile pour le fer, par exemple, d’avoir accès à des quantités suffisantes de viande », ajoute la nutritionniste.
« Un bouillon de viande apporte beaucoup de saveur à un plat », estime Richard Béliveau, qui suggère de se servir de la richesse aromatique de la viande plutôt que d’en faire l’élément principal d’un repas. Il pense entre autres à un couscous au bouillon d’agneau, avec peu de viande et beaucoup de légumes. Une fois de plus, la diète méditerranéenne donne des pistes, selon Nathalie Jobin. « [La viande] n’est pas la base de leur alimentation. C’est surtout pour le punch que ça donne au plat », dit-elle, en suggérant, par exemple, de faire un ragoût de bœuf… en y ajoutant plein de lentilles.
Nathalie Jobin conseille d’ailleurs d’intégrer davantage de protéines végétales dans notre alimentation parce qu’il y a des bénéfices pour la santé et qu’elles ont un impact environnemental « beaucoup plus faible ». « C’est polyvalent et économique, fait-elle valoir, en citant le tofu, le tempeh, les légumineuses, les noix et les graines. Juste manger les bonnes quantités de fruits et de légumes par jour et moins de produits transformés, ce serait un pas en avant pour la santé. »
L’une des façons de limiter son impact écologique serait d’aider, en quelque sorte, les bouchers à exploiter au maximum les bêtes qui ont été élevées pour notre alimentation. Comment ? Aruna Antonella Handa, d’Alimentary Initiaves, une entreprise torontoise qui s’intéresse à l’alimentation de l’avenir, suggère de s’intéresser « aux coupes de viande moins populaires » ou d’apprendre à cuisiner « le cœur de bœuf au lieu du bœuf émincé ou du steak de faux-filet ». Selon un sondage mené auprès de 500 chefs au Canada, cette approche fait également partie des 10 tendances en restauration de 2016 au pays.
Des partisans d’une alimentation saine et durable précisent que « nous sommes ce que nous mangeons » pour rappeler que notre empreinte environnementale va au-delà de ce qu’il y a concrètement dans notre assiette. Manger du thon, par exemple, c’est aussi manger les autres poissons ou les calmars qu’il a ingurgités pour grandir… Et les métaux et autres polluants qu’il aura accumulés, tout comme ses proies. Les petits animaux exigent aussi moins de ressources.
Opter pour les produits locaux, issus d’une agriculture respectueuse de l’environnement, est une bonne solution pour réduire l’empreinte écologique de notre nourriture. Encore mieux : achetez d’une personne de confiance ou directement du producteur, suggère Aruna Antonella Handa. « Quand on connaît la personne qui a cultivé ou élevé nos aliments, on est moins porté à les jeter, à les gaspiller », avance-t-elle.
Environ 20 % de la viande qu’on achète se retrouve à la poubelle, selon l’Environnemental Working Group. À l’échelle planétaire, c’est un tiers (33 %) de toute la nourriture produite qui prend le chemin des poubelles, mentionne Michel Leboeuf dans Homo Carnivorus. Mieux planifier, c’est bon pour l’environnement… et le portefeuille.